L'erreur de la nature
Par où commencer ? J’ai tellement de souffrances à exprimer, tellement de choses à vomir… ça s’accumule depuis des semaines que je n’ai rien écris, et maintenant ça commence à faire un gros nœud, comme une grosse boule au fond de moi. J’ai peur qu’un jour ce nœud ne veuille plus partir… Plus il grossit, plus il m’empêche de tout évacuer. Un beau jour, plus rien ne pourra plus sortir, et ça me tuera de l’intérieur, à force de me ronger, un jour le mal arrivera à ses fins.
Pendant les deux semaines de vacances, je croyais être rentrée chez moi. Et puis j’ai passé mon temps à me morfondre, la plupart du temps je n’ai pas fait grand-chose, surtout la 1ère semaine. J’étais contente certes de revoir les miens… mais… Il y a cet ennui profond qui m’a gagné, et qui m’a fait ressentir l’envie de partir de là bas, de revenir ici. Je me disais, ah si j’étais là bas, mes vacances seraient mieux.
Et puis la fin des vacances, le retour, et finalement ça fait une semaine que je suis revenue, et toujours rien, je ne me sens pas plus chez moi ici.
Je me rends compte que je passe mon temps à courir après un chez moi qui n’existe pas finalement, mais après lequel je cours en croyant que quand je l’aurai trouvé, le bonheur sera à moi.
Stupide pensée. Je ne suis chez moi nulle part. C’est si triste de réfléchir quand ça ne va pas à un endroit où je serais mieux qu’ailleurs, un endroit d’où rien ne peut m’atteindre, un endroit d’où je n’ai peur de rien, et de se rendre compte qu’il n’y aucun endroit de tel dans ma vie !
Je ne suis chez moi nulle part.
Et ça, oui c’est bien triste…
Et à part ce problème de lieu, qui n’est au fond, qu’un infime problème matériel… tellement d’autres se bousculent à la porte de mon esprit, et ça cogne et ça cogne, ça veut sortir, mais plus j’avance et moins ça ne sort.
Le 28 avril, ma petite cousine est née. Mais dans quel contexte, malheur… Ses parents sont ma tante et mon oncle, les parents de mon petit ange qui nous a quittés le 6 mai 2004 alors qu’il n’avait que 7ans et demi. Le 28 avril, naît la petite, presque un an après jour pour jour (ouf, c’est une fille, et ouf elle n’est pas née le 6 mai… on se demande si dans leur malheur tout ça n’aurait pas été calculé…)…
Toute une flopée de mauvais moments ressurgissent. Ne plus y penser, ne plus y penser.
C’est l’enfant du désespoir cette petite là, mais je l’aime déjà tellement, alors que je ne la connais même pas.
Ce sera peut-être l’enfant de l’espoir, et même qui sait, sans qu’elle même le sache, elle sauvera peut-être à elle toute seule la famille…
En tout cas, bienvenue à toi petite catalane qui agrandit notre famille, j’espère que tu seras heureuse tout de même, malgré ce déjà lourd passé sur tes petites épaules…
Cette naissance est un peu l’unique étoile qui brille actuellement dans mon ciel.
Si j’avais déjà été au fond du gouffre, là pour le coup je crois qu’il est de plus en plus profond.
Je n’ai plus goût à rien, mais rien de rien.
La nourriture est un détail dans ma vie, là encore de mauvais souvenirs remontent, de très très mauvais souvenirs…
Je me remets à mal dormir, avec des successions de mauvais rêves, de cauchemars : je me sens encore plus mal au réveil qu’en me couchant le soir.
Les études, c’est le seul truc à quoi je m’accroche encore un peu, avec les forces qui me restent, mais c’est pas brillant non plus. Je vais entamer la prépa pour les oraux du concours d’infirmier, donc il faut que je m’accroche encore un pti peu plus, je ne veux pas les rater, pour l’instant j’ai qu’une réponse, je passe le 7 juin. Les autres résultats sont dans 10 jours à peu près.
Cette période de ma vie voit aussi le retour des crises de spasmophilie… Ca faisait longtemps, et franchement je m’en passais bien. C’est dur de maîtriser la crise, plus je la sens arriver plus j’angoisse justement qu’elle arrive, et donc cette angoisse joue beaucoup dans l’intensité de la crise après… C’est un putain de cercle vicieux.
Puis après la crise, l’épuisement, la difficulté encore à respirer, et surtout le pire : la solitude. C’est ça que je trouve cruel chez les membres de mon entourage. C’est cette façon de m’isoler encore plus quand je suis au plus mal, de m’ignorer encore plus que les autres jours, de me laisser m’embourber toute seule… Je les déteste pour ça, c’est une certitude. Il y a même certaines personnes que je hais tout simplement, par exemple ma mère. Ce ne sont absolument pas des paroles en l’air, ni des paroles d’adolescente pré pubère, ce sont des mots d’adulte bien pesés. Je ne ressens rien pour cette personne que de la haine. C’est marrant, parce que c’est elle qui m’a donné la vie, mais comme je la hais pour ça aussi ! C’est une personne qui m’a toujours rejeté, je ne m’en rends compte que maintenant que j’ai pu réfléchir avec une certaine maturité que je n’avais pas plus jeune. Je n’avais jamais compris pourquoi une telle distance entre nous ? Pourquoi tout ça depuis tant d’années… En fait depuis 18 ans, bientôt 19. Je le sais maintenant, elle ne m’a jamais aimé, et m’a rejeté parce que tout d’abord elle ne m’a pas eue par désir d’enfant. Elle m’a eu pour combler un vide certain laissé par le décès de son père, peut-être pour garder mon père je ne sais pas, et sûrement des tas d’autres raisons, mais pas la principale, celle qui fait que le lien mère/fille est si étroit : par amour pour son enfant, non ça sûr.
Alors, c’est vrai que je me demande souvent, très très souvent même pourquoi je suis née alors ? Dans ces conditions, je ne devrais pas être là, je suis ce qu’on peut appeler une erreur de la nature. Et je crois aujourd’hui qu’il faut chercher là le point de départ de ma dépression. Je suis née à une période où mon père ne savait absolument pas qu’il allait l’être, à une période où ma mère était sûrement un peu dérangée, bien qu’elle le soit toujours un peu comme nous tous, mais trop dérangée pour avoir un enfant, que c’était un acte pas réfléchi et une grosse erreur.
Dame nature n’aurait jamais dû permettre à cette fille de 21 ans avec des problèmes dans sa tête d’être enceinte, sans l’accord du géniteur d’ailleurs.
Aujourd’hui, 19 ans ont passé, et c’est franchement pas joli joli. J’ai eu un bel héritage, voyez donc, un mauvais caractère, un physique à chier, et des tas de problèmes accumulés dans ma petite tête au fil des années, et qui sont aujourd’hui bien trop ancrés en moi malheureusement, tellement ancrés que je ne peux plus m’en débarrasser, et pire, qu’ils sont en train de me tuer à petit feu.
Ces jours-ci, surtout par rapport aux crises de spasmo, aux idées plus que noires que j’entretiens et à ce gouffre dont je ne vois plus la fin, l’idée d’aller voir un psychiatre recommence à m’effleurer, même plus que m’effleurer d’ailleurs, je commence à y penser sérieusement.
Il me faut de l’aide, absolument, il me faut de l’aide avant qu’il ne soit trop tard. Et je sens que c’est bientôt trop tard.
Je sais aujourd’hui que je suis totalement incomprise, de mes proches surtout, de ma famille, mes amis encore plus, même Lo m’abandonne petit à petit. Maxence… qu’en dire… Il me regarde m’enfoncer, il ne s’en rend certainement même pas compte, comme tous les autres en réalité. Oui, personne ne se rend compte du trou au fond duquel je me trouve, c’est même assez risible au fond. Et le jour où il arrivera quelque chose enfin, ils feront tous leur tête étonnée, et franchement ce jour là je me marrerai bien.
C’est dur de vivre autour de gens qui ne vous comprennent pas, qui ne voient même pas d’ailleurs… Ou qui font semblant de ne pas avoir, mais ça je préfère ne pas le croire parce que je trouve que c’est encore plus malsain, surtout de la part de gens qui prétendent « m’aimer ». C’est dur, mais on s’habitue à être seul incomprise de tous, et ça me donne l’envie de m’en sortir, d’y arriver, et de me construire, parce que ce que j’aurai plus tard je le devrai à personne, ce que je serai plus tard si je m’en sors, c’est certainement pas à eux qui se prétendent mes proches que je le devrai, et aucun d’entre eux je vous assure ne pourra se vanter d’avoir en quoi que ce soit aidé à ma rémission.
Mon psychiatre certainement pourra se féliciter de ça, mais c’est son métier. En allant vers les psy, je cherche un sauveur. Ce n’est certainement pas la bonne méthode, mais j’en suis arrivée à un point que je ne peux pas faire autrement, et tant pis si ça mets du temps, mais j’ai la rage, je veux m’en sortir. Seule je sais que je n’y arriverai pas, c’est tout. Et j’accepte aujourd’hui que ce ne soit plus une faiblesse de ne plus y arriver seule. J’accepte d’aller demander de l’aide, même si je sais qu’au début j’aurai une très mauvaise opinion de moi.
En attendant, c’est quand même difficile d’avancer, il faut en être conscient. J’ai l’espoir qu’un jour tout aille mieux, mais au quotidien c’est vraiment pas évident. Chaque jour est une nouvelle lutte, et souvent j’ai plus trop la force. C’est dans ces moments là que je suis le plus en proie aux crises, à la mauvaise humeur et l’agressivité, aux pleurs, aux envies de mourir. Dans ces moments là, j’avoue que la souffrance est difficile à endurer… mais je sais que je suis capable de m’en sortir, même si je ne vois pas trop comment et que la route me paraît bien longue… Je sais que je peux y arriver, sans mon « entourage » (qui est un mot mal choisi j’en conviens !), mais avec l’aide d’un professionnel. Et je sais que je vais y arriver parce que j’y crois plus que tout, toute la haine que j’ai pour ces personnes autour qui me regardent mourir, je la mets dans cet espoir de m’en sortir un jour et de ne rien leur devoir.
Il y a bien sûr quelques exceptions, mais assez rares, et qui ne se rendent pas compte non plus à quel point le mal me ronge.
Quelque chose qui me fait mal, et qui me bloque beaucoup ces temps ci, c’est Maxence. Le fait qu’il ne se rende pas compte, malgré les grands signes que je lui envoie, malgré ce qu’il voit de moi un tout petit peu… On est ensemble depuis un mois c’est peu. Mais ça devient trop difficile pour moi de faire comme si…
Comme si tout allait bien…
Comme si j’étais heureuse…
Comme si j’étais dans l’insouciance de l’âge…
Comme si, comme si…
Ca me fatigue, je suis épuisée en ce moment, alors beaucoup de choses ressortent, et lui ne comprend rien, ou alors il s’en fout, c’est pire mais je ne pense pas à ça. Ou alors il se dit que je suis trop bizarre, ou folle peut-être…
Je ne sais pas ce qu’il se dit dans sa tête. Mais je crois surtout qu’il ne voit rien, et franchement je ne me vois pas de l’extérieur, mais apparemment mon paraître ne reflète absolument pas ce que j’ai au fond de moi !
C’est souvent pratique pour cacher toutes ces choses qu’on enfoui en nous, mais parfois ça nous porte défaut malheureusement.
On se consume de l’intérieur sans que personne autour de s’en rende compte. Quel drôle de phénomène quand même…
Pour en revenir à Maxence, il a l’air assez bloqué niveau communication, dès qu’on pourrait entrer dans les sujets profonds et délicats. Est-ce par timidité, ou parce que lui ne se pose pas de questions et vit au jour le jour sans problème majeur ? Aucune idée, mais ce qui est sur c’est que les nombreux moments où je suis avec lui, que le nœud me bloque complètement que je n’arrive pas à articuler un seul mot tellement je suis tordue de douleur, il me regarde et ne dit rien. Mais pas un de ces regards qui vous apaise et vous comprend, non juste un regard banal, avec même pire parfois un sourire. Dans ces moments-là je tombe encore plus bas, je me dis que non il ne comprend pas. Il ne me comprendra jamais.
Je ne comptais pas faire ma vie avec lui, mais j’étais bien avec lui tout de même, et il me semblait mieux que les précédentes histoires foireuses. Il est plein de qualités c’est sur, mais voilà, il ne me correspond pas, parce que la personne avec qui je pourrai rester, et dont je pourrai tomber éventuellement amoureuse, ce sera une personne qui me comprendre, me parlera, qui essaiera de me comprendre au moins de s’intéresser à mon mal être…
Ce sera certainement une personne qui elle aussi souffrira, car qui d’autres pourrait mieux me comprendre ?
C’était Chouchou et ses Je suis là, avec toi, rien qu’entendre ça, ça fait du bien.
C’était Chouchou et ses je t’aime, je ne te laisserai pas, je te comprends, je suis là tu peux me parler je t’écoute… etc…
C’était Chouchou et ses bras qui me réconfortaient, ses regards qui en disaient long.
C’était Chouchou qui lisait à travers moi comme dans un livre et c’était réciproque…
C’était Lui, comme jamais j’en trouverai un autre.
C’était Lui, l’Ange, l’Unique dans mon cœur, comme un jumeau qui comprend ce que vous ressentez au moindre regard.
C’est Lui, sans qui depuis un an je dois apprendre à vivre, Lui qui a laissé un immense vide qu’il sera impossible de jamais combler, Lui sans qui je vais devoir m’en sortir, seule.
Mais j’y arriverai, je m’en sortirai.
Ecrit par Yaelle, le Dimanche 8 Mai 2005, 21:11 dans la rubrique "La petite musique qui berce ma vie".
Commentaires
Mister Blah
09-05-05 à 11:07
Je suis tombé par hasard sur ton blog. Je comprend parfaitement ce que tu ressens. Quand j'avais 14 ans, je vivais exactement la même chose. Je me sentais seul, je me sentais imcompris, je me révoltais contre un monde que je ne jugeais pas pour moi.
Mais le temps et la maturité sont apparus, on fait surface, j'ai pris du recul sur moi-même. Si ce monde qui ne me comprend pas n'est pas pour moi, que faut-il changer ? Le monde ou soi ? Soi, bien entendu. N'est-il pas égoïste de vouloir un monde à son image, fonctionnant selon nos règles et où l'on serait le centre ? J'ai mis des années à me rendre compte de cette évidence.
Les choses ne nous tombent pas tout cuit dans la bouche et jamais un individu n'est au centre du monde. Et puis vivre dans le passé, accroché à une personne, à un évènement, à une période, c'est le meilleur moyen de trouver fade tout ce qui pourrait arriver de nouveau dans notre vie.
Et ton sauveur, tu l'as au fond de toi: personne ne pourra te sauver si tu ne peux pas le faire toi-même. Il existe des centaines d'organisations qui peuvent le faire à ta place: les scientologues, les témoins de Jéhova, les Raeliens, et tous leurs potes charlatans qui se fichent pas mal de ta santé mentale et qui n'en ont qu'après ton porte monnaie.
De plus, étant passé par là, je sais ce que je dis:
Ce n'est pas en se morfondant, en racontant ses malheurs pour se faire plaindre qu'on s'en sort. Voit ce qui ne va pas dans ta vie: est-ce les autres ? Est-ce ton regard sur eux ? Et puis faut arrêter de se dire qu'on est une erreur de la nature pour s'entendre dire "mais nooooooon" parce que c'est vrai, NON tu n'es pas une erreur de la nature. Ce genre de discours, ça va quand on a 15 ans, qu'on a les poils qui poussent et qu'on découvre qu'il y a un monde autour de nous et qu'il n'est pas centré sur notre nombril.
N'oublie pas que le mal être vient souvent de l'ennui et rien d'autre. Plutôt que de chercher un sauveur dans ton psy (qui n'est pas que pour t'aider et que si tu n'as pas la volonté de t'en sortir, de trouver le sauveur en toi, ça ne sert absolument à rien), trouve toi une passion: vivre pour elle et non plus uniquement pour toi, ça peut aider.
Sur ce, bonne continuation, j'espère que tu t'en sortiras,
Mister Blah.
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KouKou
MoW MoW
14-05-05 à 17:40
Wha ...Comment les larmes sont coulées quand J'ai lu ton article ... J'ai l'impression qu c'est moi, mais je vois que je ne suis pas seule, mais je sens que tu vas t'en sortir, car deja que ke faite que tu veilles t'en sortir est génial ben le faite que tu veux tout faire pour ... ben wha quoi ... J'te felicite ... Moi j'aurai certainement pas ce courage ... Tu sais, moi j'ai un cheri qui comprends qui m'ecoute et tout et tout, c'est genial mais la ... J'aurais bcp plus envi de rester toute seule dans ma chambre, que eprsonne me comprenne et que wala quoi paske mm si il est la bn, j'suis bien seule au fond de moi !!
En tout cas, j'ai ete touche par ton article et ben jcroi que je repasserai plein de fois pour prendre de tes nouvelles ^^
KisssSSsS
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courage
alex
19-05-05 à 08:01
ton commentaire m'a trop rémuée, tu es une fille hyper sensible et moi ça m'émeut vachement. Moi aussi j'ai pas toujours eu la vie facile dans mon quartier, j'ai souvent pensé à me jetter d'un HLM mais heureusement mes collègues ont toujours été là. En ce moment c'est sur tes "frères" que tu dois compter, dis leur d'aller casser la gueule au gars qui t'a fait souffrir... pour moi ça à trop bien marché, après je me suis sentie trop soulagée!
Aller regarde le coté positif de la vie!
bisous
alex, une petite fée qui se pose dans l'immensité des nuages
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